performance de groupe contextuelle et non-répétée
avec objets et images sélectionnés . 2016

Pour un projet de fin de session pendant ma maîtrise, j’ai choisi un espace dans le sous-sol de l’édifice V.A. de l’Université Concordia comme site performatif et utilisé le contexte légèrement surréaliste de nos critiques habituelles comme point de départ. Mon objectif était de mettre en scène un moment complètement artificiel, une «œuvre d’art privée» à expérimenter avec une sélection spécifique de personnes — en l’occurrence les étudiant.e.s et professeur.e.s du programme Intermedia ainsi que les invités externes présents ce jour-là. J’avais écrit à l’avance un scénario pour une critique de groupe illusoire et théâtrale de certaines de mes œuvres. Au début de l’exercice, chaque participant.e recevait une copie du scénario et était invité.e à jouer son propre personnage, disant à certains moments précis ce qui avait été écrit pour lui.elle. Le script imposait une discussion feinte sur tout ce dont j’avais envie de parler — de sujets tantôt futiles à de métaphoriques problèmes de survie. La conversation préétablie dont nous étions les protagonistes nous amenait à parler de questions, à la fois typiques et universelles, relatives à la beauté, la perception, l’accomplissement, la croyance, l’extinction — tout en se permettant de dériver dans le maniérisme du monde de l’art et l’histoire de l’édifice V.A. Tout cela était implicitement démontré par l’imitation d’une vraie critique, dans laquelle des impressions et des interrogations imposées étaient soulevées à propos d’œuvres réelles mises en place dans l’espace selon une logique imaginaire. En créant cette expérience étrange, sur mesure et éphémère, j’ai voulu faire en sorte que tout le monde soit coincé collectivement dans une interaction irréelle entre eux, avec l’espace et avec les objets présentés. Je voulais dénaturer une situation bizarrement familière, aborder de manière critique des sujets comme l’obéissance, la vulnérabilité et la confiance et, d’une certaine manière, demander : « ces objets fabriqués sont-ils considérés art, déchets, marchandise, chefs-d’oeuvre, blagues, mise en abyme, décoration, accessoires illusoires ou validation de la vérité ? »

J’ai choisi de ne pas enregistrer ou filmer la performance, que je considère comme une œuvre d’art privée. L’expérience a existé pour être partagée par un groupe restreint de personnes pour qui j’avais écrit un script personnalisé. Des traces du projet peuvent être découvertes en lisant le scénario et en visionnant certaines photos, mais en dehors de cela, je me réjouis à l’idée que son histoire complète ne soit conservée que dans la mémoire des participant.e.s et diffusée uniquement par le biais du bouche à oreille.